Aujourd’hui je vous invite à prendre un peu de distance avec les temps actuels et à vous poser cette question : Est-ce que l’on a toujours traité et considéré les bébés comme aujourd’hui ?
Mais, vous le savez aussi sans doute de manière intuitive car en discutant avec vos parents et vos grands-parents, vous pouvez déjà vous rendre compte que l’on ne considérait pas les enfants et les bébés de la même façon. N’avez-vous jamais entendu dire par vos grands parents « de mon temps on parlait moins avec les enfants… ». Les jeunes mamans aux prises avec les conseils de leur sages-femmes et de leurs mères pourront aussi constater qu’on ne donnait pas forcément les mêmes conseils de puériculture alors… Allaiter ou non son bébé, le laver tous les jours ou non, ou des règles importantes maintenant admises, par exemple sur le fait de ne plus faire dormir son bébé sur le ventre pour éviter les morts subites du nourrisson… Toutes ces évolutions sont en lien avec une transformation de nos représentations et de notre regard sur les bébés et les enfants.
Observez les différences de représentation entre le Moyen-Âge et le début de la Renaissance où perspective et science du modelé des formes réapparaissent:
Il faut se rappeler qu’en ces temps reculés, le contexte n’était pas du tout le même qu’à présent: la mortalité infantile était très élevée, à la fin du XVIIIème siècle un enfant sur quatre meurt avant un an, et un sur deux seulement arrive à l’âge adulte…
Le bébé est un être fragile, qu’il faut protéger, perçu comme un mini-adulte inachevé en quelque sorte, sur lequel il faut agir (emmaillotage, contention, dressage…) pour le faire pousser droit! On ne fait alors pas confiance au développement naturel et aux compétences du bébé, ces notions arriveront seulement au XXème siècle!
Par exemple, au XVIIème siècle, certains peintres hollandais représentent les bébés comme de petits êtres sales, incontrôlables, à connotation animale, une perception somme toute assez négative.
Observez sur ce tableau le dégoût qu’inspire le bébé, on ne représente d’ailleurs même pas son visage: il n’est pas une personne, il est simplement saleté et odeur.
Intéressons-nous maintenant à la conception de l’éducation : là aussi il y a beaucoup de différences avec ce que nous connaissons maintenant, des courants comme Freinet ou Montessori n’auraient pas été très populaires à l’époque….
Pour que l’enfant se développe correctement il faut le contraindre plus que l’éduquer, la question des châtiments corporels est prégnante: depuis l’antiquité, et Saint Augustin le dira clairement, les apprentissages se font par le fouet et la punition. Il s’agit de sortir le bébé de son état animal en l’élevant au rang d’être humain… et ceci ne se fait pas sans mal, La Bruyère (Les caractères, 1687) résume ce qu’est un enfant, sa pensée étant assez représentative de celle de son temps:
« Les enfants sont hautains, dédaigneux, colères, envieux, curieux, intéressés, paresseux, volages, timides, intempérants, menteurs, dissimulés, ils rient et pleurent facilement, ils ont des joies immodérées et des afflictions amères sur de très petits sujets, ils ne veulent point souffrir le mal et aiment à en faire. »
Jusqu’au XIXème siècle, les châtiments corporels seront encore en vigueur en famille et bien-sûr à l’école!
Nous verrons dans la prochaine publication que le XIXème siècle a ouvert la voie aux conceptions qui nous sont maintenant familières, nous pourrons répondre à cette question: quand les bébés pourront-ils enfin bénéficier d’une véritable existence?
À suivre !